Procès de Mazan : une interdiction d’exercer pendant 18 mois demandée à
Le monde judiciaire et médiatique a de nouveau les yeux rivés sur Nadia El Bouroumi, l’avocate avignonnaise qui avait déjà défrayé la chronique lors de l’affaire Pélicot. Elle se trouve aujourd’hui au cœur d’une procédure disciplinaire devant le conseil régional de discipline de la Cour d’appel de Nîmes, où une interdiction d’exercer de 18 mois a été requise à son encontre. Cette demande fait suite à son comportement jugé inapproprié lors du très médiatisé procès des viols de Mazan, notamment la publication de vidéos sur ses réseaux sociaux, ravivant ainsi le débat sur l’éthique professionnelle et la liberté d’expression des avocats à l’ère numérique.
Le Procès de Mazan et le Comportement Controversé de Nadia El Bouroumi
L’affaire qui mène aujourd’hui Nadia El Bouroumi devant les instances disciplinaires trouve ses racines dans le procès des viols de Mazan. Les faits reprochés à l’avocate concernent spécifiquement des vidéos qu’elle a publiées sur ses réseaux sociaux, jugées par le bâtonnier du barreau d’Avignon, Philippe Cano, comme ayant porté atteinte à la dignité de la profession.
Les Vidéos en Question
- La première vidéo, datant de septembre 2024, montre Nadia El Bouroumi se filmant à la sortie du tribunal. Elle y évoque la diffusion de photos de la victime dans des « positions qui posent problème », alors que cette dernière « expliquait qu’elle n’avait jamais, jamais participé à quoi que ce soit ».
- La seconde vidéo, publiée dès le lendemain, la met en scène en train de chanter le morceau « Wake me up », dont les paroles ont été considérées comme particulièrement déplacées au vu du contexte de l’affaire et de sa gravité.
La Procédure Disciplinaire et les Arguments du Bâtonnier
La procédure disciplinaire a été initiée le 13 décembre 2024 par le bâtonnier Philippe Cano. Devant le conseil régional de discipline, il a fermement soutenu que ces vidéos avaient « porté atteinte à la profession » et que Nadia El Bouroumi avait cherché « la polémique, le buzz » avec sa première publication.
Le bâtonnier a également qualifié le comportement de l’avocate de « pompier pyromane » avec la deuxième vidéo, estimant qu’elle n’avait fait qu’aggraver la tempête médiatique. Il a rappelé le serment professionnel d’exercer avec dignité, un serment qui, selon lui, a été « piétiné par Nadia El Bouroumi ». Philippe Cano a souligné son rôle de bâtonnier, qui est de « défendre l’honneur et la dignité de la profession », tout en précisant n’avoir « aucune animosité personnelle » envers sa consœur.
La Défense de Nadia El Bouroumi et la Liberté d’Expression
Lors de l’audience, la défense de Nadia El Bouroumi, représentée notamment par l’un de ses avocats, Olivier Morice, a longuement plaidé en faveur de la liberté d’expression. Invoquant plusieurs jurisprudences, Maître Morice a demandé à ce que ce principe fondamental prime sur les exigences de modération, de courtoisie ou d’élégance souvent associées à la profession. Il a ainsi réclamé la relaxe de sa cliente.
Initialement silencieuse, Nadia El Bouroumi a finalement pris la parole en fin d’audience. Elle a affirmé avoir été « victime d’attaques violentes pendant ce procès » et avoir réalisé la vidéo « pour dire stop », assurant qu’elle n’avait pensé qu’au procès.
Attente de la Décision
La décision concernant l’interdiction d’exercer de 18 mois requise à l’encontre de Nadia El Bouroumi a été mise en délibéré. Le verdict est attendu le 18 décembre prochain. Cette affaire continue de susciter l’intérêt, non seulement pour le sort de l’avocate, mais aussi pour les implications plus larges sur l’image et les règles de conduite de la profession d’avocat à l’ère des réseaux sociaux et de l’omniprésence médiatique.
